La valeur travail… cette belle fumisterie

Dès tout petit, on nous conditionne. Il faut bien travailler à l’école pour avoir un bon travail plus tard. Mais nous a-t-on demandé un jour si on avait envie de travailler ? Certainement pas car travailler n’est pas une envie mais un devoir. On doit travailler.

Le « travail » a été placé au coeur du fonctionnement de nos sociétés. 

Le travail est la pierre angulaire de tout notre système. Tout repose sur lui. Sans travail, pas de création de richesses matérielles. Sans travail, pas d’argent. On ne peut donc pas se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner. Sans travail, nous ne sommes rien. Ou plutôt, si. Nous sommes des citoyens de seconde zone. Ceux qui vivent des allocations, des aides, de la mendicité. Des assistés.

Notre rapport au travail dit de nous qui nous sommes.

Celui ou celle qui ne travaille pas ou plus est soit un feignant, soit quelqu’un de fragile, soit quelqu’un d’instable, de marginal. De presque dangereux car il ne veut pas s’inclure dans la société.

A contrario celui ou celle qui réussit dans son travail suscite l’admiration, parfois même la jalousie. il est cité en exemple. Il offre une image dynamique, volontaire. Il apporte quelque chose à la société. Et surtout, il trime pour ceux qui ne font rien ou peu.

Mais le travail rend-il heureux ?

travail rend heureux

Dans le discours de nos politiques, on perçoit souvent cette notion de succès dans le travail. Régulièrement on nous fait miroiter ce sentiment de plénitude à l’idée d’occuper un poste important et rémunérateur. Comme si la réussite d’une vie se mesurait à l’aune de notre aptitude professionnelle. Comme si le travail a condition de s’en donner la peine était forcément épanouissant. Comme si gagner de l’argent était une fin en soi…

Mais alors que dire de ces gens qui perdent leur travail du jour au lendemain suite à un plan social, une obscure restructuration, un rachat par la concurrence. Sans aucun égard pour leur investissement personnel, leur implication, leur professionnalisme. Peut-être étaient-ils passionnés, dévoués ? Peu importe, en somme. Ils ne sont que quelques fétus de paille victimes collatérales de notre merveilleux système. Et puis s’ils avaient été si compétents que ça, ils n’auraient pas été licenciés, rachetés, jetés comme des kleenex, n’est-ce pas ?

Que dire de ces gens qui subissent cadences infernales, pressions de la hiérarchie, harcèlement et tant d’autres méthodes managériales agressives et inhumaines ? Qui sont ces travailleurs poussés à la démission, à la dépression, au suicide. Des esprits faibles qui n’ont pas compris ou n’ont pas voulu que le but du « jeu » soit d’avancer en écrasant les autres ? Le travail les a-t-il rendu heureux, les a-t-il épanouis ? S’accrochent-t-ils à leur boulot jusqu’à leurs dernières forces par envie ou par obligation ?

Que dire de ces gens qui se lèvent tous les matins sans entrain, qui travaillent sans passion, qui rêvent de jours meilleurs ? Vous m’objecterez sûrement que peu importe du moment qu’ils payent leurs factures, consomment à outrance et ne revendiquent pas grand chose.

travailler-consommer

Sachant tout cela comment peut-on avoir la malhonnêteté de nous vendre la valeur travail comme le pilier structurant de nos vies ?

Comment peut-on faire en sorte que tout notre système en dépende alors que la société est incapable non seulement d’offrir un emploi à chacun et qui plus est un emploi dans de bonnes conditions.

Attention, il ne s’agit pas de vouloir éradiquer toutes activités professionnelles

Il faudrait repenser en profondeur notre rapport au travail. Cesser d’entretenir ce lien culpabilisant et parfois mortifère. Travailler ne devrait plus être un but, une obsession, seulement un des nombreux moyens de s’épanouir. Quant à nos élites si elles commençaient par arrêter d’être hypocrites en faisant croire que le seul problème à résoudre dans ce domaine c’est le chômage.

Que ceux qui nous dirigent aillent faire un stage en situation réelle dans les urgences d’un CHU, dans une prison, un abattoir, une unité de travail à la chaîne ou tant d’autres endroits encore… Un vrai stage pas un tour de piste devant les caméras. Ils verraient les soi-disant bienfaits du travail d’un autre oeil…

A moins que ce fameux travail, qu’on nous impose, ne soit simplement qu’une splendide machine à aliéner les individus, à les maintenir dans leur condition de dominés ? Ça ferait un beau sujet pour le bac philo ça, non ?

Aileza-cosmique

A mes copines blogueuses qui souffrent à cause du travail…

 

30 réflexions sur « La valeur travail… cette belle fumisterie »

  1. Je suis d’accord, ce serait un bon sujet de bac ma belle!
    Le travail est souvent vu comme une contrainte, une obligation dans la société actuelle – qui aime vraiment son travail de nos jours?
    C’est triste de voir des gens vivre comme des automates. Et d’autres n’espérer que le devenir, pour échapper au fléau du chômage.
    Heureusement on voit émerger de nouveaux profils qui au travers de leurs projets donnent une nouvelle définition du travail. Mais c’est encore loin d’être une généralité.

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    1. C’est vrai, de plus en plus, on voit émerger de nouvelles conceptions et de nouvelles volontés liées à la problématique « travail ». Petit à petit des alternatives vont s’imposer proposant des modèles plus souples et plus épanouissants. Il faut y croire. Le modèle actuel n’a que trop duré et il faut se rendre à l’évidence il est périmé et ne répond pas aux attentes grand monde.

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  2. Que dire… que tu te doutes que le travail et les valeurs qu’on veut bien lui prêter m’ont beaucoup fait cogiter ces derniers temps. J’aurai eu 20 mois pour y penser et essayer de rectifier le tir… Ma conclusion (en ce qui me concerne), j’ai accordé trop de valeur à mon travail. J’espère que cela n’arrivera plus…
    Gros bisous ma belle ❤

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    1. Je me doute que tu as eu le temps de gamberger ma jolie. Pour voir le côté positif de ton expérience, cela t’auras permis d’appréhender ta relation au travail autrement. Dans la douleur certes mais pour du meilleur, forcément.
      Bises ❤

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  3. Ca me rappelle nos discussions pendant la campagne électorale et le fameux  » revenu universel  » qui s’il est bien pensé permettrait enfin de repenser la valeur travaille dans nos sociétés afin que chacun fasse ses choix comme il l’entend. Mais j’ai de plus en plus l’impression que pour l’instant comme tu le dis si bien la tendance est plutôt à « l’esclavage » qu’autre chose. je n’ai jamais pu m’inclure dans ce schéma et j’ai toujours galèré avec le travail et maintenant que j’ai enfin trouvé ce que j’aime, c’est impossible pour moi de trouver un statut qui me permettrait d’en vivre et régulièrement, je me fais alpaguée et emmerdée par pole emploi à qui je dois rendre des comptes… C’est extrêmement pénible ! Et combien de gens sont comme moi ? Bisous

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    1. Ne m’en parle pas, je n’ai toujours pas digéré cet abandon de l’idée du revenu universel et de toute cette liberté qui en découlerait pour tout un tas de personnes (dont nous^^). mais sûrement que cela nous apporterait trop de liberté justement…
      Pour le reste, je vois tout à fait de quoi tu parles… Quand tu veux sortir même partiellement des sentiers battus tu dois montrer patte blanche comme si tu étais un hors-la-loi, ça me met hors de moi.

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  4. Juste Merci pour tes mots qui retracent bien toutes les peines que le travail (ou son absence) peuvent causer … Le pire dans tout ça je dirais, c’est qu’on a beau le savoir, parce-qu’on a tout bien fait comme il faut (travailler à l’école, faire des études, trouver un boulot qui se rapproche de ce qu’on voulait faire), et que quand même nous avons droit à cette souffrance, ces difficultés et, comme des automates, nous répétons à nos enfants : travaille bien à l’école si tu veux faire ce qu’il te plait dans la vie …
    Après, par rapport à ta conclusion, je ne me lancerai pas dans un grand débat mais effectivement il serait un magnifique sujet pour le bac de philo ! Et que penser de son corolaire le chômage que l’on agite comme un chiffon rouge depuis 40 ans ? Et qui amène les gens à se taire, à ne demander juste pas moins que le peu qu’ils ont déjà ?

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    1. Tu sais je crois que je n’attendrais pas de Cosminou qu’il travaille bien à l’école, j’espérerais juste qu’il y soit heureux et que plus tard il puisse faire ce qui lui plaît avec un minimum de contraintes. Peut-être aussi parce que je me dis qu’on pourra toujours lui apprendre un minimum de chose à la maison…
      Quant au chiffon rouge tu as raison, c’est une spécialité de nos dirigeants pour nous culpabiliser voire nous terroriser d’une certaine façon. Dans le même genre que le chômage on a le trou de la sécu et l’insécurité.

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  5. bien sur que ça me parle. on devrait aller travailler par plaisir. oh bien sur ça ne serait pas la grande éclate tous les jours, mais au minimum, pas une contrainte, avec cette boule au ventre qu’on se traîne. c’est pour ça que j’ai fait ce virage a 180 degrés, et que je souhaite aider ceux et celles qui veulent changer ça aussi. et je le vois bien déjà, que les gens que je rencontre ne sont plus sur la rémunération a tout prix. bien sur avoir le minimum pour vivre correctement, mais le choix le plus important n’est plus le salaire, mais son propre bien être. et crois moi il y en a beaucoup qui font cette bascule dans leur esprit. le monde évolue, je l’ai vu aussi récemment, en étudiant ce qu’est la spirale dynamique, qui est passionnant. le monde passe par des phases, certains pays, certaines personnes sont en retard par rapport a d’autres, disons que l’évolution ne se fait pas à la même vitesse partout. mais la période  » je fais ça pour la réussite sociale et pour afficher ma richesse » commence à être derrière. On peut être bien au travail, si on l’a choisi, et si les conditions sont bonnes, ce qui dépend aussi énormément des dirigeants. les choses bougent lentement, mais elles bougent. il suffit de regarder ce qui se passait il y a un peu plus d’un siècle, lorsque les gens allaient à la mine 12h par jours, 6 jours sur 7. il y a des tonnes de choses encore à améliorer ou à résoudre. mais on avance.

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    1. Tu as raison ça évolue dans le bon sens, je le vois aussi en discutant à droit à gauche. Mais comme d’habitude ceux qui dirigent ont un temps de retard voire sont complètement à côté de la plaque (sciemment peut-être ?) Et bien sûr que c’est mieux qu’avant tu fais bien de le souligner mais malgré tout une certaine forme d’aliénation demeure même si elle est moins flagrante et plus subtile.

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  6. Un article que j’avais trouvé très – mais vraiment très – intéressant sur la distinction emploi/travail…
    http://www.liberation.fr/france/2017/02/08/bernard-stiegler-reconstruire-l-economie-en-redonnant-de-la-valeur-au-savoir_1547285?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1486633083
    J’ai la chance d’avoir un travail au sens de cet article, que j’aime et qui produit du sens, mais j’ai beaucoup d’empathie pour les gens qui n’ont qu’un emploi (j’ai été de ceux-là, je me rappelle ce que ça fait de se lever tous les matins pour travailler beaucoup et avoir l’impression de produire du vide à longueur de journée…).

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  7. Je dépends de la mutuelle et je ne me considère pas (plus) comme un individu de seconde zone. J’ai cru que je l’étais pendant 7 ans jusqu’à ce que je me rends compte que j’avais fait et je faisais tout ce que je pouvais pour m’en sortir mais que mes soucis de santé faisaient que ça ne pouvait pas marcher. Pas dans la société actuelle, pas sans pistons en tout cas. Aujourd’hui, je refuse de culpabiliser. Littéralement.
    Je suis contente que de plus en plus de gens ouvrent les yeux sur le boulot. Les black sheep gagnent du terrain. Je pense qu’actuellement la société dans laquelle nous évoluons est une société à fabriquer des malades et en faire partie me fait peur.

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    1. Tu as bien raison de ne pas culpabiliser ! même si tout est fait pour ça…
      Les choses évoluent, nombreux sont ceux qui refusent de se couler dans le moule. Et comme toujours dès que tu veux sortir du rang, ce n’est pas simple mais un autre modèle de société est possible…

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  8. Quel rappel salvateur ! Je trouve d’ailleurs que la présentation du freelance et de l’autoentreprenariat pour « échapper » à l’aliénation du travail devient un mirage de plus en plus dangereux… on remplace une aliénation par une autre bien souvent, à ceci près qu’on te pousse à t’exploiter toi même !

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    1. Tu as raison, il y a de l’ambiguïté lia dedans ! Et le rêve du free-lance devient peu à peu un enfer car il n’arrive pas à s’en sortir et que sa couverture sociale devient peau de chagrin. je sais de quoi je parle, je suis en plein dedans. A l’américaine quoi !

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    2. Ta remarque est très juste. En tant qu’indépendant tu ne comptes plus tes heures et ton investissement en pensant que tu le fais pour toi, mais cela te rend-il plus heureux et plus épanoui pour autant ?

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  9. ah le monde du travail j en aurais tellement à dire
    clairement il faut savoir mettre de la distance
    c encore mieux qd on a un travail passionnant
    mais le travail ne fait pas tout
    les gens qui donnent plus que tout et qui se retrouvent dehors sont essorés
    être pressé comme un citron non merci
    avoir une passion des choses à côté du boulot
    je connaissais des gens pr qui le boulot était tout je les plaignais vraiment de ne pas trouver d autres choses à faire

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    1. On a tous beaucoup de choses à dire sur la question, c’est bien la preuve qu’il y a un vrai malaise…

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  10. Je me retrouve très bien dans ce que tu dis (et je n’aurais pas dit mieux). Parce que pour moi, la valeur centrale de ma vie n’est pas… le travail, mais bien mon bonheur et mon bien être. Toute petite, on me disait qu’il fallait un bon travail qui rapporte gros et si possible en écrasant royalement les autres. Ce qui me rend fière c’est que je me suis détachée du tout cela: je fais un travail qui me passionne mais qui, évidemment, ne rapporte pas des lingots (et crois moi on m’emmerde assez avec ça!) et j’ai toujours trouvé petit et malsain de devoir détruire les autres pour avancer. Alors j’ai décidé d’aider les autres et d’avancer avec eux et c’est un accomplissement qui n’a pas de prix.

    Pour ce qui est des gens qui ne travaillent pas parce qu’ils sont malades, il y a deux visions de la vie: ceux qui vont compatir, voir avoir carrément pitié et ceux qui vont penser que franchement, on grossit pas un peu le trait pour ne pas recommencer à bosser? Autant ma mère avec son handicap à plus de 80% suscite la pitié, autant mon père en incapacité pour cervicarthrose sévère et dégénérative doit passer sa vie à justifier que oui, il est vraiment malade et que non, il ne saurait plus travailler. Et je sais a quel point ça le mine parce que c’était une vraie bête de travail (ce qui est d’ailleurs à l’origine de son problème initial: lever le pied: connait pas)

    Et pour la jalousie c’est vrai aussi, quand je dis que je suis bien dans mon travail et que je me lève tout les jours avec le sourire (aussi difficile puisse-t-il être parfois) soit les gens te rabaissent en disant qu’il ne faut pas ma vanter, soit je sens très clairement l’aiguillon de la jalousie ou de l’envie.

    Gros bisous ♥

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    1. Qu’il est chouette ton commentaire. Si tout le monde pouvait connaître ce mélange de lucidité et de sérénité ce serait génial. Tu as raison sur toute la ligne et je te souhaite d’être heureuse encore très longtemps ❤

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  11. Je me reconnais totalement dans tes lignes! La pression de la société me pousse à avoir presque honte de dire que non je n’aime pas partir bosser chaque matin, parce que mon idéal de vie à moi ce sera d’être… une Maman à plein temps. Je ne suis pas feignante, au contraire durant mon congé parental je me suis éclatée avec ma puce dans diverses activités. Seulement je ne supporte pas l’idée de donner mon temps et mon énergie à un patron sans scrupules, alors que ma famille en aurait 20 fois plus besoin…
    Mon rêve serait de travailler à domicile, ou de pouvoir vivre de mon « boulot passion », qui est d’enseigner la danse.

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    1. Ne pas vouloir travailler dans une structure classique ne fait pas de toi une feignante, loin de là 🙂
      A quand une société où chacun pourra s’épanouir dans ce qu’il aime ?
      Je sais que c’est facile à dire, mais crois en tes rêves, c’est déjà la moitié du chemin parcouru pour les réaliser 🙂

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