I did it !

Si tu me suis depuis un petit moment tu sais sûrement que je suis une psychopathe de l’anonymat. Depuis 4 ans, je me cache derrière mon double cosmique, veillant d’une façon presque maladive à ne surtout pas en dire trop sur moi, ma famille, mon appart’, mon job, la couleur de ma culotte.

Sur le net, tu ne trouveras aucune photo de moi, ni de dos, ni dans le brouillard, ni avec un sac sur la tête, Vuitton le sac je précise. Pas de cliché de mon Cosminou qui pourtant est le plus beau des enfants. Rien de mon plein gré. Je suis la fille pénible qui lors d’une soirée ou d’une sortie en commun précise qu’elle ne veut aucune photo d’elle et de son bébé sur les réseaux sociaux. Si, si il faut le dire, ça ne coule toujours pas de source. J’ai donc peu de faux amis, je privilégie les vrais.

Les vrais ne sont pas seulement ceux que je côtoie dans la vraie vie. Je pense tout à fait qu’on peut-être vrai derrière un écran. Parfois peut-être même plus que dans la vie réelle.

Quand j’ai commencé à bloguer, je ne pensais pas comme ça. Je souhaitais juste donner un peu de visibilité à mes écrits qui commençaient à déprimer en train de se dessécher au fond de mes tiroirs. En bloguant, je ne m’attendais pas à faire particulièrement de belles rencontres. En fait, je ne m’attendais pas à grand chose, pour être honnête.

Et puis des lectrices sont venues frapper à ma porte. Pour la plupart blogueuses, elles aussi. Certaines s’en sont allées, d’autres ont persisté, se sont accrochées, sont revenues après mes absences. On a échangé au gré des aléas de nos vies, de nos humeurs, de nos humours. De belles rencontres. De vraies rencontres.

Quelques unes m’ont proposé de se retrouver dans la vraie vie. Évidemment, j’ai répondu non à chaque fois. L’autre côté du miroir, très peu pour moi. Autant sur mon blog, je me raconte selon mes envies, autant dans une conversation, je me voyais mal ne pas trop en dire. Passer la moitié du temps à éluder, à louvoyer, à délayer, quel intérêt ? J’aurais d’emblée tué la beauté et le naturel de la rencontre. Bref je ne me sentais pas prête. Pas envie de faire tomber mon masque de cacahuète.

Certaines ont dû m’en vouloir à mort. Peut-être même ont-elles pensé que j’étais tout simplement hautaine ou acariâtre ou aigrie ou chauve … ou les quatre à la fois. Elles ont raison, je suis tout ça à la fois, c’est évident, je ne vois pas d’autres explications.

Pourtant, il y a quelques jours alors que je ronronnais tranquillement sur ma blogosphère, un cataclysme s’est produit. J’ai dit oui. Moi, la maniaque de l’anonymat, la psychorigide de l’incognito. Je l’ai fait ! J’ai rencontré une blogueuse dans la vraie vie. Comme ça sans me poser de questions, sur un coup de tête. J’ai foncé.

Elle n’en est pas revenue, elle qui tentait sa chance régulièrement et patiemment depuis trois ans. Elle qui faisait face avec humour à chacun de mes refus. Elle a persisté et elle a bien fait…

Tout s’est organisé en un clin d’oeil. On s’est retrouvées en un endroit tenu secret. Je l’ai reconnue sans la connaître. Aucune photo pour immortaliser cette rencontre au sommet. Le contraire aurait été étonnant. Juste des flopées de mots lâchés au vent de la Seine. Un instant partagé profond et léger. Un moment éphémère gravé dans le marbre de notre réalité. Le prolongement d’une belle amitié commencée par écrans interposés.

Merci pour ce moment… Giulia. ❤